Lorsque qu’il est question de faciliter des ateliers participatifs, quelques outils qui ont prouvé leur efficacité sont à notre disposition. Je vous en partage 3.
Notre cerveau est tel qu’il nous fait plus aisément appréhender les choses négatives plutôt que les positives. On pourrait penser que cela ne va pas nous aider à être créatif. Il n’en n’est rien ! Grâce à ces outils, un basculement va s’opérer et permettre à l’état d’esprit « négatif » (« je vois toutes les choses qui ne vont pas ») de devenir « constructif » (« je réfléchis à toutes les manières pour améliorer la situation »).
Le défi ambitieux
Pour améliorer une situation, il est toujours intéressant et plus évident de voir ce qui ne la rend pas optimale, ce qui la contraint. Bref ses défauts. C’est ce qu’on appelle la défectuologie. C’est une technique qui consiste à adopter une attitude très critique en prenant conscience des insatisfactions existant dans l'usage d'un produit, un service, etc.
Mais comment passer d’une difficulté ou d’un problème à une question motivante, voire un défi ambitieux ? Rien de plus simple si vous suivez les consignes suivantes :
Décrivez la situation actuelle que vous souhaitez améliorer et listez les difficultés rencontrées (ou démarrez la réflexion avec une difficulté déjà identifiée).
Choisissez une difficulté (à vous de définir vos critères de sélection ; par exemple l’impact si la difficulté était levée) et transformez-la en une action à accomplir pour améliorer la situation.
Transformez cette action en un défi ambitieux en reformulant l’action :
Sous la forme d’une question ;
Avec un verbe d’action ;
En utilisant des mots positifs et ambitieux.
Voici un exemple provenant d’un atelier qui portait sur la filière santé en Wallonie :
Identification de la difficulté : Les activités de recherche et développement (R&D) sont trop désolidarisées du besoin des utilisateurs.
Transformation de la difficulté en action : Faire en sorte que la R&D réponde mieux aux besoins des utilisateurs.
Transformation de l’action en défi ambitieux : Comment assurer que chaque solution innovante MedTech développée en Wallonie améliore de manière significative la santé des patients ?
Pour une situation donnée à améliorer, il y a bien sûr une quantité de défis ambitieux qui peuvent être imaginés. L’important est de trouver un défi qui soit suffisamment inspirant pour que les participants aient envie d’y répondre. D’où l’intérêt de proposer aux participants de co-créer leur propre défi ambitieux, ce qui est rendu possible avec ce petit outil simple d’utilisation.
L’effet Waouh
Un deuxième outil qui permet aussi de rentrer efficacement dans une phase d’idéation, c’est l’« effet waouh ». Différent du défi ambitieux, il permet de structurer l’analyse de la situation à améliorer. Voici les consignes d’utilisation :
Partez d’une situation que vous souhaitez améliorer et listez toutes les difficultés rencontrées.
Regroupez ces difficultés en catégories qui deviennent des dimensions de la situation. Eventuellement, évaluez sur une échelle (par exemple de 1 à 5) à combien vous estimez la dimension actuelle.
Le défi est simple à formuler et toujours identique : comment faire en sorte que chaque dimension ou une dimension de la situation explorée devienne tout simplement « waouh » ?
Voici un exemple provenant d’un atelier qui portait sur la création d’une communauté de pratiques :
La question initiale était : comment estimez-vous la qualité de la communauté à l’heure actuelle ?
Parmi les réponses, on a pu entendre « je ne connais pas suffisamment les membres », « je n’apprends pas assez lors de rencontres », « je reçois trop souvent des informations des organisateurs, je ne lis plus leurs emails », … Les dimensions qui ressortent sont donc la connaissance des membres, la formation, la communication.
Pour une dimension choisie, par exemple la formation, les participants ont pu « brainstormer » sur la question suivante : « comment faire pour que les apprentissages permis grâce à cette communauté soient « waouh » ?
La baguette magique
Le troisième outil d’idéation est ultra simple à utiliser et il peut également servir à faire générer des idées. De plus, il a l’avantage d’éviter la posture du « oui mais ».
Lors d’une phase d’analyse, que ce soit dans le cadre d’une défectuologie (on identifie tout ce qui ne va pas), d’une exploration de besoins, ou d’une exploration de projets potentiels, il peut être intéressant d’identifier LE besoin ou L’IDÉE qui va motiver un maximum les participants à trouver des solutions ou à enrichir l’idée.
Comme déjà mentionné, notre cerveau est toujours plus prompt à voir ce qui ne va pas plutôt que ce qui va. Quand on cherche à trouver une solution, cela signifie ceci : immédiatement après avoir pensé une solution, on va se mettre à chercher tout ce qui fait que la solution pensée est une mauvaise solution (car elle n'est pas faisable, elle va prendre trop de temps à être mise en place, etc.).
Donner aux participants une baguette magique, en leur disant que grâce à elle, plus aucune contrainte n’existe, c’est un moyen très facile (car très concret… qui n’a pas rêvé d’avoir une baguette magique !) de placer les participants dans une posture constructive. Cela permet également de comprendre ce qui motive réellement les gens : pour quelle(s) raison(s) choisiront-ils tel besoin, ou tel projet à mener. Pour cet outil la consigne est ultrasimple :
« Si vous aviez une baguette magique, qu’est-ce que vous choisiriez de faire ? »
Et vous, si vous aviez une baguette magique, quelle est l’action quotidienne que vous mettriez en place pour améliorer votre qualité de vie ?
Lequel utiliser ?
Le « défi ambitieux » se concentre sur une difficulté, une problématique, et réouvre la réflexion. Il permet de changer de point de vue, et de réenchanter une situation. Il est aussi propice à l’innovation disruptive.
L’« effet waouh » guide dans un premier temps l’analyse d’une situation en déterminant ses dimensions principales d’amélioration. Si identifier ces dimensions à l’aide des participants a une valeur ajoutée, c’est alors le bon outil. Puisque l’on travaille à améliorer une dimension, il est mieux adapté à l’innovation incrémentale.
La « baguette magique » permet de comprendre ce qui motive réellement les participants à travailler sur un besoin ou un projet car cet outil gomme toute idée de contrainte. C’est aussi un outil puissant pour comprendre les priorités des participants. Personnellement, je l’utilise beaucoup lors d’entretiens semi-directifs.
Et, bien sûr, ils peuvent se coupler entre eux ! Par exemple commencer par l’effet waouh pour analyser une situation, choisir une dimension et transformer son amélioration en défi ambitieux. Et, terminer par la solution coup de cœur des participants en utilisant une baguette magique !
Waouh : Comment faire pour que les apprentissages permis grâce à cette communauté soient « waouh » ? En s’assurant que les participants puissent retenir ce qui est échangé.
Défi ambitieux : Comment faire en sorte que chaque participant puisse se souvenir de 3 messages clés 10 ans après l’échange ?
Baguette magique : Si j’avais une baguette magique, chaque participant recevrait après un certain temps un petit quizz ludique pour lui rappeler les messages clés de l’échange. Le participant obtenant le meilleur score recevrait un prix.
Si ces outils vous inspirent, n’hésitez pas à les utiliser ou à les adapter à votre contexte et faites-le nous savoir ! Nous sommes toujours intéressés par vos retours 😊. Si vous connaissez une personne qui pourrait être intéressée par ces outils, n’hésitez pas à lui partager cet article !
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